Comportement mécanique des amphibolites à l’interface de subduction
Abstract
Les semelles métamorphiques sont situées à la base des
grandes ophiolites obductées. Elles sont principalement composées
d’amphibolites (métabasaltes à amphiboles ± grenat,
clinopyroxène, plagioclase) fortement cisaillées et dont les conditions
maximum de métamorphisme sont estimées à 800±100C
et 1.0±0.2 GPa. Leur formation a lieu au cours des 2 Ma suivant
l’initiation des zones de subduction. Ces amphibolites sont interprétées
comme des portions de lithosphère océanique subduite,
portions qui sont métamorphisées, dis-je, à haute température
par transfert de chaleur depuis le coin de manteau sus-jacent qui
formera la base de l’ophiolite obductée. Leur importante déformation
au pic de métamorphisme est interprétée comme synchrone
à leur accrétion au manteau de la plaque supérieure. Les semelles
métamorphiques sont donc des témoins directs de la dynamique
précoce des zones de subduction océanique. Leur pétrologie et
leur déformation fournissent des contraintes majeures, et rares,
sur l’évolution de la structure thermique et sur le comportement
mécanique de l‘interface de subduction naissante. Cette étude
présente des données structurales à plusieurs échelles, couplant des
analyses de terrain aux analyses EBSD sur des échantillons à amphibole
± plagioclase ± clinopyroxene ± grenat de la semelle métamorphique.
Les grains d’amphibole et de plagioclase sont caractérisés
par une forte orientation préférentielle parallèle à la foliation
et à la linéation. Cette fabrique est accompagnée par une forte
orientation cristallographique préférentielle des amphiboles marquée
par un axe [001] marquant la linéation et la normale au plan
(001) perpendiculaire à la foliation. Les plagioclases montrent
une orientation cristallographique préférentielle faible voire nulle.
Cette fabrique est similaire à celle observée dans les amphibolites
cisaillées de base de croûte continentale. Les clinopyroxènes
et les grenats présentent des degrés d’orientation intermédiaires.
Ces deux phases forment des boudins dont l’axe long est orienté
parallèlement à la foliation. Les porphyroclastes de clinopyroxène
présentent une extinction ondulante et le développement de sousgrains
à leur périphérie. Les clinopyroxènes et les grenats agissent
donc comme phases ” dures ”, augmentant la résistance de la
roche à la déformation. À l’initiation de la subduction, la partie
supérieure de la plaque plongeante est affectée par l’augmentation
progressive du degré de métamorphisme. Ceci entraîne une forte
déshydratation et la cristallisation de phases ” faibles ” (quartz,
amphibole, plagioclase) et ” fortes ” (clinopyroxene, grenat). La
rhéologie de l’interface de la subduction en est fortement affectée.
Les unités de la semelle métamorphique (avec des minéralogies et
des conditions P-T-t différentes) accrétées aux péridotites de la
plaque supérieure témoignent de changements rhéologiques majeures
à l’interface de la subduction au cours de l’histoire précoce
des zones de subduction.