Les surfaces d’aplanissements enregistreurs de la dynamique du manteau : le cas de l’Afrique
Abstract
L’Afrique est un continent en régime global de divergence
(à l’exception de son extrémité nord, l’ensemble Atlas-Tell-Rif)
présentant un relief caractéristique des grands domaines intracontinentaux
(Australie, Inde du Sud, Amérique du Sud hors Andes,
etc.), c’est-à-dire des plateaux et des plaines. Ces reliefs résultent
de l’étagement de plusieurs surfaces d’aplanissements.
Les surfaces africaines sont de deux types principaux : les surfaces
de corrosion (” etchplains ” - surfaces d’altération par des latérites)
et les pédiplaines/pédiments (surfaces d’aplanissements limités en
amont par des escarpements plus ou moins marqués). Ces surfaces
dessinent des ondulations de longueur d’onde de plusieurs
centaines de kilomètres (grande longueur d’onde) à plusieurs milliers
de kilomètres (très grande longueur d’onde). Ces dernières,
par leur longueur d’onde, sont de bons enregistreurs de la circulation
mantellique et donc de la topographie dynamique.
Ces plateaux et plaines africaines résultent de la dégradation
ou de la préservation d’une surface de corrosion – la surface
africaine – datée entre 60 et 40 Ma, par des pediplaines/pédiments
et des vallées incisées plus jeunes. L’étagement de ces pédiments/
pédiplaines qui correspond pour chacun d’entre eux à un
niveau de base local, traduit une surrection locale à régionale de
ces plateaux.
L’application de cette méthode à l’ensemble de l’Afrique centrale
a permis de montrer (1) un début de surrection des dômes camerounais
et est-africains aux alentours de 30-40 Ma et (2) une surrection
généralisée de l’Afrique centrale (incluant la Cuvette du
Congo) aux alentours de 10-3 Ma.
Cette étude a deux implications majeures (1) la topographie de
l’Afrique centrale à l’Eocène était plane et située légèrement au
dessus du niveau de la mer et (2) la croissance de ces reliefs de
très grande longueur d’onde permet de contraindre la cinématique
de la dynamique du manteau avec une ” tête ” du superpanache
sud-africain (” African superswell ”) atteignant la lithosphère en
Afrique de l’Est vers 30-40 Ma avant de s’étaler sous toute la
lithosphère centre-africaine vers 10-3 Ma.