Surrection Miocene et bombement de Madagascar
Abstract
Madagascar est un lambeau de croute continentale archéenne
à néoproterozoïque entouré de marges transformantes, obliques et
divergentes : la marge oblique du bassin de Morondava à l’Ouest,
bornée par la ride de Davie, et au Nord, la marge divergente du
bassin de Majunga connectée au bassin de Somalie.
Nous présentons des arguments géologiques pour l’âge de la
formation du plateau malgache à travers une double analyse,
couplant la géomorphologie à terre (emboitement de surfaces
d’aplanissements) et la stratigraphie des marges à mer (stratigraphie
sismique et puits).
L’analyse géomorphologique est basée sur la caractérisation, la
cartographie et la datation de surfaces d’aplanissement emboitées
(pédiments ou pédiplaines). La datation s’appuie sur les relations
géométriques des surfaces entre elles, de l’intersection de
ces surfaces avec le volcanisme et enfin de leur relation avec les
formations sédimentaires. La différence d’altitude entre deux surfaces
emboitées (correspondant chacune à un niveau de base à
un moment donné) constitue un bon indicateur de l’ampleur de
la surrection. L’analyse de stratigraphie séquentielle est-elle basée
sur la réévaluation biostratigraphique de quatre puits industriels
(foraminifères et nannofossiles dans les cuttings). Les phases de
surrection sont caractérisées par (1) le basculement vers l’Ouest de
la marge, scellé par des réflexions non déformées, (2) des prismes
de régression forcée et (3) la présence de sédiments anciens dans
des formations plus récentes enregistrée par le remaniement de
faune et flore.
(1) Durant le Paléocène jusqu’au Miocène inférieur (66 à 20 Ma),
Madagascar est une île relativement plate, de faible altitude, avec
des lambeaux d’une surface plus ancienne que le trapp malgache
(90Ma). Ce relief est largement altéré avec la croissance de nombreux
profils latéritiques, entourés de larges plateformes carbonatées.
Les influx silico-clastique dans les bassins sont alors relativement
faibles.
(2) Le Miocène moyen à supérieur est le paroxysme de la surrection
avec (1), le basculement de la marge ouest (Morondava),
(2) une augmentation du flux de sédimentation silicoclastique
depuis le Miocène moyen et (3) la mise en place d’une surface
d’aplanissement marquée.
(3) Le résultat de cette surrection est la morphologie en dôme
de l’île de Madagascar (avec un plateau central) marquée par la
forme concave de la surface crétacé supérieure altérée à l’Eocène.
(4) L’amplitude de la surrection peut être estimée grâce à la
présence de carbonates lagunaires, cent kilomètres au Nord-est
de Tuléar, à une altitude de 900m environ. Si l’on considère que
le niveau marin absolu à l’Eocène était de 50m au-dessus du niveau
actuel (Miller et al., 2005), cela implique une surrection d’à peu
près 850m.
(5) Le mécanisme de la surrection doit prendre en compte une déformation
de très grande longueur d’onde (x1000 km), forcément
liée à la dynamique mantellique. Les relations avec les dômes
d’Afrique de l’Est (Ethiopie, Afrique du Sud) sont discutées.