Comment les surfaces d’aplanissement ont-elles enregistré la déformation du plateau Sud-Africain en Namibie ?
Abstract
Les domaines intra-continentaux sont fréquemment caractérisés
par de grandes surfaces d’aplanissement traduisant une
forte érosion des reliefs préexistants. Cette érosion rend difficile
la caractérisation des déformations affectant ces domaines,
d’autant plus que les vitesses de déformation les affectant sont
faibles. Nous avons développé une méthodologie d’analyse de ces
surfaces permettant d’avoir accès à ces déformations et à leurs
conditions de formation. Elle a été appliquée à la partie Namibienne
du plateau sud-africain.
Cinq grands types de surface ont été distingués à partir de leur
géométrie et du processus à leur origine : les pénéplaines, les
pédiplaines, les etchplaines, les etchplaines décapées et les plateformes
d’érosion marine; chacune correspondant à un processus
érosif ou d’altération et à des conditions climatiques particulières.
Cette classification, peu dépendante de l’altitude, permet de les
utiliser comme des marqueurs de déformation et de faire des
corrélations des paléoenvironnements sur de grandes distances.
En combinant la cartographie de ces surfaces avec un marqueur
géologique profond, il est possible de distinguer les déformations
de courte longueur d’onde (failles) des déformations de grande
longueur d’onde (flexure, basculement, uplift).
Le plateau sud-africain couvrant une grande partie de l’Afrique
australe, est l’une des figures géomorphologiques marquantes du
continent africain avec une altitude moyenne de 1200 m. Il est
attribué à un uplift global dont l’origine (croûte ancienne épaisse,
point chaud), l’âge (fini-Mésozoïque ou Cénozoïque) et les modalités
(surrection unique ou par étapes) sont fortement débattus. La
partie namibienne peu ou pas recouverte par des dépôts éoliens récents,
est propice à une étude de détail. Pour cela, nous avons cartographié
dix surfaces d’aplanissement ainsi que la discordance entre
la formation métamorphique mésoprotérozoïque du Namaqualand
et la formation sédimentaire néoprotérozoïque du Nama.
Ainsi quatre domaines ont pu être déterminés: 1) le domaine côtier
largement érodé depuis la fin du rifting atlantique suite à un rebond
érosif d’un escarpement, 2) le domaine septentrional maintenu
à une altitude très élevée depuis le Mésozoïque voire avant,
3) le domaine interne qui a subit une légère flexure au sud et une
forte flexure au niveau du Grand Escarpement et 4) un domaine
sud très affecté par des failles normales induites par une extension
E-W à NW-SE tardive d’origine inconnue. Cette dernière zone,
singulière pendant toute l’évolution méso-cénozoïque, correspond
à la vallée de la rivière Orange qui semble être le niveau de base
de la partie interne du plateau depuis la fin du Mésozoïque.
Il ressort donc que, pendant le Cénozoïque, le plateau est affecté
par une superposition de déformations résultant de plusieurs processus
que les changements climatiques ont pu enregistrer.