Résumé : Situé dans le massif nord-pyrénéen du Saint Barthélémy, le
gisement de talc de Trimouns est exceptionnel tant par sa qualité
que par son volume. Des travaux récents ont fortement remis en
question le modèle chevauchant varisque traditionel et proposent
une formation du talc beaucoup plus récente, au Crétacé (vers 100
Ma), en liaison avec des processus géologiques complètements différents
liés à une extension et à des décrochements ainsi qu’à une
exhumation du manteau sous-continental de type marge passive
hyper-étirée (St Blanquat et al., 1986; Schärer et al., 1999; Boulvais
et al., 2006; Lagabrielle et al., 2010; Fallourd et al., 2014;
Boutin et al., 2015). C’est donc tout le contexte géodynamique
associé à la formation du talc qui est remis en question. Il est fondamental
de le préciser pour le suivi et l’avenir de l’exploitation
à Trimouns, mais aussi pour l’étude d’autres gisements de talc
ailleurs dans le monde. Nous présentons des nouvelles données
structurales, thermométriques et pétrologiques obtenues sur le
gisement et ses alentours qui nous permettent de reconstruire
les chemins pression - température – déformation – temps des
différentes unités, et donc du gisement de talc, et de voir les contraintes
qu’ils nous apportent pour préciser le contexte tectonique
régional au Crétacé. Nous montrons en particulier que la formation
du talc scelle une déformation probablement varisque, que le
talc lui-même se forme en contexte dynamique, et qu’il est luimême
ensuite déformé. Ceci montre que les déformations alpines
au sens large ont eu un impact important dans la structure du
massif du St Barthélémy. Les massifs nord-pyrénéens, réputés
pour être des ”noyaux durs” varisques non déformés pendant le
cycle alpin, ne sont peut-être pas si ”durs” que ça, et ont pu être
fortement impactés et par la tectonique extensive crétacée et par
l’inversion qui lui succède à partir du Crétacé supérieur.