Géochronologie détritique des métasédiments carbonifères des Alpes : de la paléogéographie durant leur dépôt à l’architecture actuelle de la chaîne alpine
Abstract
Dans les Alpes occidentales, des sédiments carbonifères (ou
des métasédiments présumés tels en raison de leurs caractères
lithologiques) sont observés depuis zones les plus externes et
faiblement métamorphiques (par ex. le bassin de la Mure, où
l’exploitation du charbon cessa en 1997) jusque dans les zones
les plus internes et fortement métamorphiques (par ex. Pinerolo,
où les mines de graphite fermèrent dans les années 1950), en
passant par la ” Zone Houillère ”, partie frontale du Briançonnais.
Même dans les zones les plus déformées, les structures sédimentaires
(stratonomie, litages, granoclassments...) indiquent un
milieu de dépôt le plus souvent fluviatile. En outre, le caractère
polygénique des faciès conglomératiques (dominance du quartz,
mais abondance des granitoïdes et gneiss parmi les galets ; abondance
des paillettes de muscovite et du zircon parmi les minéraux
détritiques) suggère des sources où dominent les roches ignées et
métamorphiques.
L’analyse de ces roches par le biais de la géochronologie détritique
réserve cependant des surprises. Trois exemples seront détaillés,
à savoir (i) la Zone Houillère non ou faiblement métamorphique à
proximité immédiate de Briançon, (ii) l’unité du Money en fenêtre
sous les unités éclogitiques du Grand Paradis et (iii) l’unité de
Pinerolo en fenêtre sous les unités éclogitiques de Dora-Maira.
Avec ces trois exemples, l’analyse des zircons détritiques met en
évidence :
- les similitudes (Zone Houillère – Pinerolo) ou différences (Money
vs Zone Houillère et Pinerolo) entre les sources du matériel détritique
;
- la localisation potentielle de ces sources au Carbonifère, dans
un schéma paléogéographique élargi (jusque et y inclus Sardaigne
et Corse) tenant compte des potentielles portions de croûte subductées
non observées à l’affleurement de nos jours.
En outre, la localisation passée et présente de ces sédiments carbonifères
permet un éclairage inédit sur l’architecture actuelle de
la chaîne et l’héritage structural dans cette chaîne, ainsi que sur
les liens présumés entre les parties les plus frontales (Zone Houillère)
et les plus distales du domaine briançonnais, c’est-à-dire sur
la cinématique de la subduction et de la collision.
Manzotti et al. (2015) International Journal of Earth Sciences,
104, 703-731.
Manzotti et al. (2016) Terra Nova, 28, in press.