Saisonnalité à l’Éocène en Asie Centrale : du modèle numérique à la géochimie haute résolution des Ostréidés
Abstract
Le climat asiatique est aujourd’hui caractérisé par une forte dualité entre
un climat de moussons au sud-est et un climat aride en Asie Centrale.
Ces climats sont tous deux définis par une saisonnalité marquée, en
terme de précipitations pour le premier ou de températures pour le second.
La caractérisation des climats asiatiques paléogènes est encore
peu établie, laissant ouverte la question de savoir quand cette dualité
climatique s’est installée. Au Paléogène, les reliefs liés à la collision
entre les plaques indienne et eurasiatique étaient encore naissant et la
distribution entre terres et mers très différente de l’actuelle. À la fin
de l’Éocène, une vaste mer épicontinentale et peu profonde (la Proto-
Paratethys) qui s’étendait à travers l’Europe et l’Asie Centrale se retire
et les hautes topographies asiatiques se mettent en place. Dans ce
contexte géodynamique, nous cherchons à caractériser les fluctuations
à haute fréquence du climat en Asie Centrale afin de caractériser la saisonnalité
au cours de l’Éocène. Une nouvelle approche géochimique
multi-proxy sur des coquilles d’huîtres (18O, Mg/Ca) nous permet
d’avoir accès aux fluctuations saisonnières de température et de salinité
en environnement côtier. D’autre part grâce à un modèle couplé océanatmosphère
nous accédons aux variations saisonnières atmosphériques
(températures, précipitations) et océaniques (SST, 18Osw) à l’Éocène.
Ces deux approches indépendantes s’accordent pour caractériser le climat
paléogène en Asie Centrale comme un climat déjà aride et dont
les précipitations se concentrent pendant la moitié hivernale de l’année.
Cette forte saisonnalité associée à une aridité marquée en Asie Centrale
suggère la possibilité que les moussons asiatiques pouvaient être
présentes dès l’Éocène. Toutefois ce climat, en contraste avec l’actuel,
était probablement plus marqué par les westerlies en hiver du fait de
l’influence de la mer Paratethys aujourd’hui remplacée par les hautes
topographies du Pamir.