Le massif du Lévézou : une suture varisque dans le Massif Central ?
Abstract
La chaîne Varisque est classiquement interprétée comme le résultat
d’une subduction océanique suivie d’une collision continentale de type
himalayen. Les reliques d’éclogites et d’ophiolites, souvent regroupées
dans le Groupe Leptyno-Amphibolique (GLA), représentent les traces
de l’océan subducté. Le GLA sépare donc des continents (ou leurs fragments)
différents (p.ex. Gondwana, Armorica). Dans le Lévézou (sud
du Massif Central) le GLA sépare des roches supposées appartenir à
l’unité des gneiss inférieurs (i.e. Gondwana) de l’unité des gneiss supérieurs
(i.e. Armorica). L’ensemble est intrudé, de part et d’autre du
GLA, par des granites déformés (type « Pinet ») interprétés comme syntectoniques
de la collision varisque. Nos données structurales, pétrologiques
et géochronologiques sur ce massif contredisent cette interprétation.
Le caractère porphyrique de l’orthogneiss du Pinet et la présence
de deux déformations superposées sont incompatibles avec une mise en
place syntectonique et le développement de structures cogénétiques de
type C/S, tel que décrit précédemment. D’autre part, le développement
de paragenèses métamorphiques (p.ex. remplacement de la cordiérite
magmatique par des paragenèses à disthène-phengite-grenat) suggère
que l’orthogneiss a subi un métamorphisme de haute pression. La mise
en place des protolithes des orthogneiss dans les différentes unités est
contrainte à 469,8 1,6 Ma et 467,4 5,0 Ma (U/Pb sur zircons par
LA-ICP-MS). Les âges Ar/Ar sur muscovites indiquent une déformation
et un refroidissement vers 340 Ma. Enfin, à l’échelle du massif du
Lévézou, les granitoïdes (y inclus l’orthogneiss du Pinet) situés de part
et d’autre du GLA présentent des textures, des âges et des compositions
chimiques identiques. Ils témoignent de la fusion d’une même source et
d’un socle identique de part et d’autre de la suture, impliquant un domaine
océanique initialement très restreint de type bassin arrière-arc