La côte du Chili entre 26 et 32S, témoin d’un changement de dynamique de l’avantarc au cours du Pléistocène
Abstract
Un des traits les plus marquants de la côte du Chili entre 26 et
32S est l’omniprésence de marqueurs géomorphologiques témoins du
soulèvement Pléistocène du continent. Il s’agit soit de successions de
terrasses d’abrasion marines, soit d’anciennes plages, qui se retrouvent
à des altitudes pouvant atteindre 400 mètres. Les terrasses d’abrasion
se forment lors des haut-niveaux marins correspondant aux périodes
interglaciaires pléistocènes (stades isotopiques impairs). La terrasse supérieure
est en général plus large que les autres. Elle présente également
une morphologie plus lisse, qui contraste souvent avec la morphologie
hérissée d’écueils des terrasses inférieures qui ont pourtant été élaborées
sur la même lithologie. Ce contraste de morphologie pourrait marquer
une périodicité différente des alternances entre périodes chaudes et
froides. Il suggère aussi que la terrasse supérieure s’est formée sur une
longue période, pendant plusieurs épisodes interglaciaires successifs,
alors que la vitesse de soulèvement du continent était très faible. Les
terrasses inférieures, en revanche, sont apparues alors que la côte se
soulevait rapidement. Les datations par isotopes cosmogéniques de ces
niveaux de terrasses montrent que la reprise du soulèvement s’est produite
au cours du Pléistocène. La morphologie des vallées fluviales suggère
également une reprise pléistocène du soulèvement de l’avant-arc.
Les vitesses de soulèvement déduites de ces datations sont en accord
avec celles obtenues par d’autres méthodes comme des datations U-Th
sur coquilles. Elles varient le plus souvent entre 0,1 et 0,4 mm/an. La
présence de sédiments marins d’âge Miocène préservés sur la côte de
cette région confirme également que l’avant-arc ne s’est pas soulevé
progressivement au cours du Cénozoïque en parallèle à la croissance de
la Cordillère des Andes, mais au contraire qu’il s’agit d’un événement
épisodique