Evolution des environnements de dépôts dans le bassin du Tarim (Chine) au cours du retrait Paléogène de la Proto- Paratethys
Abstract
Du Crétacé supérieur à la fin de l’Éocène, la Proto-Paratethys, vaste
mer épicontinentale, s’étendait à travers l’Europe et l’Asie Centrale. Au
nord-ouest de la Chine, entre le plateau tibétain au sud et le Tian Shan au
Nord, les sédiments du bassin du Tarim ont enregistré le retrait progressif
de cette mer vers l’ouest suite à une succession de cinq grands épisodes
de transgression-régression. Dans un contexte géodynamique et
climatique particulier, lié à la collision entre l’Inde et l’Asie d’une part,
et au passage d’un mode greenhouse à icehouse d’autre part, les causes,
l’âge et les conséquences de ce retrait marin sont encore mal contraints.
Si la datation des incursions marines paléogènes en Asie Centrale a suscité
de nombreux intérêts, aucune analyse sédimentologique formelle et
suffisamment détaillée n’a pour l’instant été réalisée pour contraindre
les environnements de dépôts pendant le retrait marin. Ici, sédimentologie
de faciès ainsi que stratigraphie séquentielle nous permettent de
caractériser l’évolution des environnements de dépôt dans ce bassin au
cours des trois incursions marines paléogènes. Nous avons ciblé notre
étude sur trois coupes dans le Tarim ayant enregistré les incursions de
la Proto-Paratethys : les sections de la Mine et Kansu à l’extrême ouest
du bassin et la section d’Aertashi au sud-ouest. Bien que distants de
plusieurs centaines de kilomètres, les incursions marines ont eu lieu de
manière synchrone dans les différents sites, attestant qu’ils étaient ainsi
connectés et ont subi une histoire commune. Cependant, des variations
latérales entre milieux marins restreints et peu profonds au sud (Aertashi)
et milieux marins ouverts et plus profonds au nord (Mine) sont
observées dès le Paléocène, avant la collision Inde-Asie, jusqu’à l’Éocène
supérieur. Cette dissymétrie au sein du bassin est probablement
le témoin d’une topographie héritée des orogenèses précédentes (Plateau
du Tibet au Sud, Tian Shan au Nord). Le retrait successif jusqu’à
l’Eocène est interprété comme résultant de la combinaison d’une réactivation
distal des reliefs au sud associée à la collision Inde-Asie et des
fluctuation du niveau marin global pendant la transition greenhouse à
icehouse.