Biomarqueurs et isotopie moléculaire dans les archives lacustres : acquis récents et perspectives d'application.
Abstract
Documenter les variations du climat et leurs impacts sur les écosystèmes reste un enjeu majeur sur le continent, et ce à différentes échelles de temps et d'espace. En particulier, l'estimation des variables telles que température, précipitations, évaporation à partir d'archives continentales (lacs, spéléothèmes, cernes d'arbres...) demeure problématique et souvent sujette à controverse. L'identification, la quantification et la mesure de la composition isotopique de molécules préservées dans les archives sédimentaires lacustres est actuellement explorée pour fournir de nouveaux indicateurs des environnements et climats passés. Je présenterai durant l'exposé quelques applications récentes des biomarqueurs et de leur composition isotopique à la reconstitution des paléoclimats et paléoenvironnements ainsi que quelques perspectives. La reconstitution des paléoflores peut être abordée par la quantification de marqueurs ayant une valeur systématique (biomarqueurs), en complément d'analyses palynologiques, par exemple. L'influence des conditions physico-chimiques lacustres sera estimée à l'aide de dérivés diagénétiques des biomarqueurs. De façon très précoce (dès la sénescence des feuilles par exemple), la structure de certaines molécules est altérée par la perte de groupements fonctionnels, une aromatisation croissante des cycles... Retracer les chaînes diagénétiques et définir le contrôle de ces modifications de structure permettrait d'établir des relations entre présence et abondance de dérivés diagénétiques et paramètres environnementaux. Les marqueurs quantitatifs des variables climatiques seront principalement recherchés à travers des molécules "d'adaptation" des espèces au milieu, ainsi qu'à travers la composition isotopique (D/H) de molécules appropriées.